Les grands entretiens: Pr Elvira LANG interviewée par le Dr Gérard FITOUSSI

Pr Elvira LANG, Dr Gerard FITOUSSI: Hypnose Médicale
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Elvira Lang, une pionnière qui se bat pour développer l’hypnose conversationnelle dans les soins hospitaliers.
Docteur Elvira Lang, pouvez-vous d’abord nous parler un peu de vous ?

Elvira Lang : J’ai grandi dans un petit village près de Heidelberg, en Allemagne. Ma mère était interprète et mon père homme d’affaires. Je n’avais vraiment pas envie de faire des affaires. Je me suis dirigée vers les études de médecine à l’université de Heidelberg, et j’ai complété ma spécialisation en radiologie au centre de chirurgie avant d’être à mon tour chargée d’enseignement.

Je joue du violon, j’aime jardiner et cuisiner. L’édition française de Marie Claire était mon trésor de lecture, en particulier l’édition de décembre avec ses recettes pour le réveillon. Jusqu’à ce jour, j’aime préparer un dîner de Noël « Marie Claire ».

Quelle a été votre première rencontre avec l’hypnose ?

Quand j’ai travaillé à Stanford, j’étais responsable de l’unité de radiologie interventionnelle au Centre hospitalier des Vétérans de Palo Alto. Là, j’ai eu à traiter un jeune vétéran effrayé et stressé d’effectuer une procédure relativement simple. Il était stressé y compris à la seule idée de s’installer sur la table d’intervention. A cette époque, je ne savais pas ce qu’était le stress post-traumatique. Je savais seulement qu’effectuer cette intervention chez ce jeune homme exigeait beaucoup de médications et de ressources lors de la phase de récupération, même si la procédure elle-même ne durait que 10 minutes. C’est alors que pour la première fois j’ai pu me rendre compte de quelle façon l’hypnose et l’imagerie mentale pouvaient faire la différence.

Comment avez-vous continué à vous y intéresser ?

Après ce premier cas, j’ai décidé d’en savoir davantage. Et j’ai eu la chance que le Docteur David Spiegel soit professeur à Stanford à la même époque et m’ait aidée de ses conseils et incitée à poursuivre dans cette direction. Le Docteur Judy Illes van der Loos, qui est maintenant professeur de neurologie et responsable d’une chaire de neuro-éthique au Canada, m’a aidée à mettre au point les protocoles de recherche clinique et à faire mes demandes de bourse.

Qu’est-ce qui vous a poussée à effectuer vos premiers travaux en radiologie et en hypnose ?

Dans le monde académique, il est nécessaire de faire des recherches pour obtenir des subventions importantes. L’hypnose est devenue une passion dans son application clinique. L’idée de permettre aux équipes médicales hospitalières de l’appliquer au quotidien était nouvelle époque.

Comment cela a-t-il été reçu ?

Il y a eu beaucoup de scepticisme. Certains dans la communauté hypnotique ont adoré l’idée et d’autres l’ont détestée. Jusqu’à ce jour, des personnalités importantes au sein de l’hypnose (à l’ASCH) pensent que le personnel médical, au contact quotidien avec des patients anxieux, et qui involontairement vont les heurter, ne devraient pas apprendre le langage hypnotique au prétexte que cela serait « non éthique ». Mon point de vue est qu’empêcher le personnel au contact des patients de les aider serait encore plus non éthique. Toute l’idée est complètement folle : à savoir qu’il est admis de faire de l’hypnose négative en disant involontairement quelque chose qui va blesser le patient, si on ne sait pas faire autrement, mais qu’il n’est pas admis, une fois formé, de dire des phrases de façon positive et d’utiliser ce savoir pour que les patients se sentent mieux.

Qu’est-ce qui vous a amenée à étudier l’impact économique de l’hypnose ?

Nous avons d’abord voulu montrer sur une grande échelle que la procédure était plus sûre, plus confortable et plus rapide. Mais cela ne suffit pas pour convaincre les administrateurs de l’hôpital à allouer des ressources financières pour former une équipe. Dès lors nous avons dû effectuer une étude pour en montrer l’intérêt économique. Je continue à le faire et à considérer que toute formation doit avoir un impact mesurable pour impliquer toute l’institution. Et en particulier, on doit montrer qu’il y a un retour attractif sur un investissement.

Quelles sont les personnalités qui vous ont influencée ?

De façon intéressante, il y a eu des personnalités venues de différents domaines. Le Professeur David Spiegel m’a aidée tout au long du chemin, m’a guidée et aidée à surmonter les obstacles, y compris lors des moments où j’ai failli arrêter. Le Docteur Eleanor Laser a été très importante en adoptant une altitude très pragmatique….. Pour lire la suite...


Pr ELVIRA LANG Ancien professeur à Harvard Medical School, elle a reçu des récompenses internationales pour son travail de recherche sur l’amélioration des coûts lors des procédures de radiologie interventionnelle. Elle a aussi enseigné dans les universités de Heidelberg, Stanford et de l’Iowa. Présidente fondatrice de Comfort Talk®. Son entreprise forme le personnel hospitalier dans l’utilisation des techniques hypnotiques pour aider les patients à réduire leur stress et leur anxiété. Coauteure du livre Patient Sedation Without Medication.


 Revue Hypnose et Thérapies Brèves 57

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N°57 Mai/Juin/Juillet 2020


ÉDITORIAL : « Trouver une certaine sacralité de l’autre, humain et non-humain. » Aurélien Barrau. S. COHEN

LA « BROSSOSPHÈRE ». G. BROSSEAU et A. FORTIN
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ESPACE : DOULEUR DOUCEUR
Éditorial. H. BENSOUSSAN
Adolescent mutique. S. COPEAU
- La lévitation en douleur chronique. A. BOUZINAC

DOSSIER : SE SENTIR VIDE
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- Vide et addictions. D. VERGRIETE



QUI PROQUO, MALENTENDU ET. . .« Tout a une fin ! » S. COLOMBO, MUHUC
- Couvade en pays Dendi. C. LELOUTRE-GUIBERT
- Les Grands Entretiens: Elvira Lang. G. FITOUSSI

Livres en Bouche: H. BENSOUSSAN, C. GUILLOUX, L. BILLY, S. COHEN