De l'hypnose musicale à l'hypnose artistique. Dr Stéphane OTTIN PECCHIO

hypnose musicale
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TRANSE D’INSPIRATION ET BONNES VIBRATIONS

La musique ne fait pas qu’adoucir les moeurs. En harmonie avec l’hypnose, elle joue sur divers registres – interprétation, inspiration, improvisation – et peut conduire à la transe profonde. Explications par un musicien-thérapeute...

Cet article analyse les états de conscience hypnotiques du point de vue du musicien ou de l’auditeur dans différentes situations : concert classique ou concert-thérapie, séance individuelle ou autohypnose. L’art, quelle que soit la technique qu’il investit, est au centre de l’acte thérapeutique. L’art, et surtout la musique qui fait vibrer l’ensemble du corps, nous met au contact de la dimension qui nous dépasse.

L’ARTISTE CLASSIQUE EN CONCERT

Pour l’artiste classique, l’inspiration crée une expansion de conscience (vers le positif et le négatif) mais le curseur est plus proche du contrôle que de la dissociation : l’hypervigilance prédomine, imposée par la reproduction précise de la partition. A propos des artistes jouant en concert en état d’autohypnose (hypnose artistique), Pierre-Yves Courtis, corniste d’orchestre formé à l’hypnose, écrit : « Un lâcher-prise total ? Il faut faire fonctionner l’instrument... Se mettre dans un état hypnotique tel qu’on le conçoit dans l’hypnose clinique me paraît difficile à cause du relâchement musculaire ».

Autre situation : accompagnée sur scène par l’auteur, la pianiste Thérèse Dussaut connaît un net état dissociatif (7) : « La partition ne demandait qu’un minimum d’attention, j’aurais pu faire quelque chose en même temps comme regarder ailleurs. La concentration était moins mentale que dans tout le corps. L’oeuvre était comme ma propre respiration. C’était agréable, exaltant, comme en une clairière ensoleillée... » Induit en hypnose par Philippe Rayet, le pianiste et organiste Jean-Baptiste Pinault atteint des niveaux de transe plus profonds qu’en autohypnose (8). Il improvise en effet dans le style de Bach, Chopin... sur l’ordre de l’hypnothérapeute comme s’il se connectait à leurs univers. Etat extrême de dissociation, signalons l’expérience de sortie de corps d’Erik Pigani, journaliste, écrivain et pianiste, qui au cours d’un concert flottait au fond de la salle de spectacle au-dessus du public et se regardait jouer. « Je n’ai plus aucun souvenir de ce concert ni de la façon dont j’ai pu interpréter les valses de Chopin ou La cathédrale engloutie de Debussy. Je ne sais pas comment j’ai fait pour assurer mon programme » (9). Au congrès de Montréal de 2018, après avoir guidé une séance d’hypnose, je me trouve dans un état de maîtrise sereine qui fait penser à la pleine conscience en jouant également cette oeuvre de Debussy. Délivré de l’idéal de perfection technique, je donne une interprétation inconnue de moi-même qui me surprend et témoigne d’une inspiration prenant son origine dans l’inconscient. On retrouve aussi cet état libéré de la crainte de l’erreur lorsque l’on apprend à jouer d’un instrument en autohypnose. Un élève témoigne : « On lie le travail du corps, des sens et de l’esprit. Cela permet de ne faire qu’un. Le plus grand bénéfice est dans l’interprétation. »

L’HYPNOSE MUSICALE® : CONCERT-THÉRAPIE ET SÉANCE INDIVIDUELLE

L’improvisation est plus adaptée à l’hypnose thérapeutique, que cela soit en concert-thérapie ou en séance individuelle (2)-(3) : l’esprit critique de l’auditeur nuit à son lâcher-prise s’il s’accroche à une mélodie connue, comme c’est le cas lors d’un concert classique où il attend fermement le plaisir d’entendre son passage préféré. Dans un premier temps, dans l’hypnose musicale, l’induction est basée sur le rythme d’un coeur lent. Le thérapeute qui guide la séance vit un état dissocié et fait des allers-retours entre la musique et la parole, chaque plan étant automatisé alternativement. Secondairement, il peut faire une improvisation uniquement musicale sans paroles, suggestion directe mais large, qui stimule l’imaginaire de l’auditeur en lui laissant toute sa liberté (3). Cette suggestion non verbale, universelle, ouvre à l’hypnose des dimensions inusitées de puissance, de vibration et d’émotion. Le vecteur musical emporte et fait dépasser les blocages sans permettre à l’auditeur de faire de pause pour reprendre le contrôle. La sincérité de l’artiste fait fondre les résistances permettant la transformation intérieure. En concert-thérapie le musicien thérapeute est dans un état d’autohypnose active qui mène à la pleine présence (ou conscience), un présent distancié et associé (transe lucide) (2). Paradoxalement, plus on est associé au physique et plus l’inspiration peut être élevée. La résonance du son peut conduire à l’absence de notes, « un silence presque palpable ».

Dr Stephane OTTIN PECCHIO QUELQUES HYPNOTHÉRAPEUTES AYANT ASSISTÉ À UN CONCERT-THÉRAPIE TÉMOIGNENT...

- « Je n’ai jamais été en hypnose aussi facilement, profondément, aussi loin qu’avec la musique. Je n’ai jamais vécu cela : c’était inouï, les couleurs, les odeurs. C’est une découverte extraordinaire. » C. G.-G, infirmière. - « A l’aide de son piano, il transmettait les vibrations harmoniques pour “transe-porter” nos consciences dans un état de mieux-être. Les auditeurs ont apprécié sa voix hypnotique, sa présence rassurante sur la scène, sa posture con - fiante de thérapeute expérimenté. Par son utilisation de l’instrument à corde, il…

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Dr STÉPHANE OTTIN PECCHIO Rhumatologue et pianiste, il a été l’événement spécial du Congrès mondial de Montréal en août 2018 et sera au piano lors du 12e Forum de la CFHTB en mai 2022 à Luxembourg.

 

Revue Hypnose Thérapies Brèves 64 Au sommaire:

Edito – Julien BETBÈZE

Claire ROSSIN – Autohypnose et TOS chez l’enfant anxieux
L’auteure explique comment Noé, 7 ans, souffrant de troubles du sommeil, a pu s’approprier rapidement les outils proposés au cours de la thérapie (7 séances sur 5 mois) et les réinvestir au quotidien pour atteindre une autonomie dans la résolution de ses difficultés.

. Séverine LEJEUNE – Ces histoires qui nous façonnent
L’auteure, pédopsychiatre, nous propose de partager les lettres écrites aux parents, enfants et adolescents, lettres inspirées par les thérapies narratives et qui ont servi de support pour ses appels téléphoniques aux familles pendant le confinement.

. Stéphane OTTIN PECCHIO – Etats de conscience de l’hypnose musicale à l’hypnose artistique. Cet article analyse les états de conscience hypnotiques du point de vue du musicien ou de l’auditeur dans différentes situations : concert classique ou concert-thérapie, séance individuelle ou autohypnose.

.Guy MISSOUM – Success story et entraînement mental. L’auteur explique comment aider le patient à combattre le manque de confiance en soi avec différents moyens qui passent tous par une indispensable connaissance de soi.

. Espace Douleur Douceur - Gérard OSTERMANN – Edito

. Mireille SÉJOURNÉ – Troubles digestifs, hypnose et acupuncture. Gynécologue à la pratique enrichie d’une formation en acupuncture et en Médecine Traditionnelle Chinoise (MTC), l’auteure nous propose une approche qui combine hypnose et MTC appliquée aux troubles digestifs. Clair et simple, le script détaillé dans l’article et appelé ''Harmonie du Papillon'' peut être refait par le patient chez lui, régulièrement.

. Anne SURRAULT – Une parenthèse enchantée avec Gustave. Récit d’une séance de thérapie narrative : carte de l’externalisation. La patiente est venue consulter initialement suite à un conflit conjugal…

. Rachel REY – Anxiété infantile au bloc opératoire. Travaillant depuis quinze ans comme infirmière anesthésiste au bloc opératoire de l’Hôpital d’enfants à Nancy, l’auteure a notamment constaté que murmurer des histoires à l’oreille des enfants à l’induction se révélait extrêmement efficace, car pour entendre sa voix l’enfant doit cesser de pleurer et de se préoccuper de l’agitation ambiante.

Dossier : S’éloigner de la dépression

. Frédéric BERBEN – Prévention de l’épuisement professionnel
Les approches intégrées de méditation, d’hypnose, de mouvements psycho-corporels permettent une liberté dans l’endroit où le thérapeute-formateur va poser le levier pour générer un changement. La pluralité des outils autorise davantage de points d’appui adaptés aux différences individuelles des professionnels.

Nelly CADRA – Métaphores et deuil
Léa, 15 ans, vient consulter suite au décès brutal de son père. En ressort le récit de trois séances avec les métaphores utilisées par la pédiatre : le gouffre sans fond ; le tilleul et le chêne ; la souris, le lapin et les elfes.

Jean-Pierre BOYER – Quels petits mieux pour sortir de la dépression?
Depuis vingt ans l’auteur lie hypnose et approche solutionniste. Il détaille ici la méthode avec pour exemple Geneviève, 35 ans, déprimée, agressive, insomniaque et sujette à des troubles des conduites alimentaires. La « Question Miracle » est bien entendu au centre de l’entretien.

Rubriques
. Les champs du possible :

Adrian CHABOCHE – ‘« Docteur, j’ai enfin échoué !’ »
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Quiproquo, malentendu et incommunicabilité : Stefano COLOMBO et MUHUC – Epuisement professionnel…
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Les grands entretiens : Gérard FITOUSSI – Interview de Alain VALLÉE
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Culture Monde : Nicolas D’INCA – Les guérisseurs touaregs.