Le corps est une éponge. Au commencement.
Yves LE MARTELOT
Revue Hypnose & thérapies brèves n°54
« Voulez-vous que je vous montre comment nettoyer le ventre ? » Monsieur B. a été opéré d’une perforation de l’intestin grêle compliquée d’une péritonite. A la suite de l’intervention, il est hospitalisé dans l’Unité de soins continus du centre hospitalier de Guingamp. Je suis appelé pour lui pratiquer des séances de kinésithérapie respiratoire. « Comment vous sentez-vous ?... Comment trouvez-vous votre respiration ?... Ressentez-vous le besoin de cracher ?... Comment sentez-vous votre ventre ?... Est-ce que je peux le toucher ? »
Monsieur B. me fait part de sa gêne respiratoire, des tensions qu’il perçoit, de la sensation de ventre gonflé et dur. Monsieur B. a alors cette réflexion : « Ça doit pas être propre là-dedans ! » Je lui explique qu’au contraire, un ventre c’est très propre, que le chirurgien a traité la perforation du grêle, que l’abdomen a été nettoyé et désinfecté, qu’un traitement médicamenteux a été mis en place. Mais Monsieur B. reste inquiet, il est aussi très gêné du fait de la sonde nasogastrique. Nous cherchons tous les deux les moyens d’améliorer son confort en adaptant sa position dans le lit. « Voulez-vous que je vous montre comment nettoyer le ventre ? » Et c’est ainsi que me vient l’idée de la métaphore de l’éponge qui va accompagner la séance de kinésithérapie respiratoire.
« Lors de la respiration, nos côtes se soulèvent et s’abaissent, notre ventre se gonfle et se dégonfle... et nous percevons ce mouvement également dans le dos lorsqu’il s’allonge, s’étire, se redresse ou au contraire s’enroule au rythme de la respiration.
Notre corps est composé à 70 % d’eau, c’est comme un océan ou une mer intérieure et nous pouvons sentir une onde qui parcourt le corps à travers la respiration, le mouvement du diaphragme et des côtes. Et baignant dans cette mer intérieure, notre corps est comme une grosse éponge qui est parcourue par ce flux et ce reflux. Une éponge ou plutôt DES éponges, chacune à leur place, et qui reçoivent chacune ce flux et ce reflux. Chaque éponge a sa place, elle doit est libre de glisser, de se mouvoir par rapport aux autres éponges.
Peut-être percevez-vous dans votre ventre une éponge ou des éponges qui paraissent plus tendues, plus lourdes, plus pesantes, où le flux a plus de difficultés à se diffuser, comme une éponge qui serait encrassée, sale, engorgée, grasse.
Je vous invite à diriger le flux vers cette éponge, pour qu’il y pénètre doucement jusqu’à ce que l’éponge soit complètement gorgée d’eau. Puis vous pressez l’éponge doucement pour en faire sortir l’eau et vous regardez l’eau sale, noire, crasseuse qui sort de l’éponge...
Maintenant que l’éponge est bien essorée, vous laissez le flux revenir dans l’éponge, pénétrer par tous les pores jusqu’au cœur de l’éponge, elle se gonfle d’eau jusqu’à saturation. A nouveau, vous pressez l’éponge et vous regardez l’eau qui s’échappe de l’éponge. Elle est déjà plus propre, beau- coup d’impuretés ont été éliminées par le premier lavage.
Et vous dirigez encore une fois le flux et le reflux vers l’éponge, vous sentez l’eau qui pénètre au plus profond de l’éponge, dans chacune de ses cellules... Vous essorez l’éponge et l’eau qui s’en échappe est presque propre... Et vous replacez l’éponge dans le flux... Et vous essorez l’éponge et cette fois l’eau qui s’en échappe est parfaitement claire, aussi pure et aussi limpide que l’eau du flux et du reflux qui l’a parcourue.
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