Le Sophrologue en secteur psychiatrique par Alain Giraud Sophrologue

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Le Sophrologue, Alain Giraud, nous apporte son entretien avec Didier Terrisse.

Didier Terrisse (1) : Lorsque "l’addicté" rencontre la sophrologie, cette dernière espère lui proposer la découverte et l’expérimentation d’un état de conscience modifié (état sophronique). Nouvelle expérience  dont nous espérons que la rencontre permettra de faire le deuil du produit destructeur habituel. Un des patients que nous accompagnons en fait la découverte depuis quelques mois.

Peut-être que les sensations vécues se rapprochent de cet état qu’il connaît lors de ses alcoolisations. Il y aurait donc substitution du produit nocif par un autre objet (état de conscience modifié) produisant des sensations assez proches, mais débarrassé des effets secondaires destructeurs.

Je ferais aussi une autre remarque : la prosodie du sophrologue provoque un engourdissement de la conscience entraînant le sujet dans un état que l’on qualifie de "sôphrosuné" exprimé ici par cette personne.

On dit que Platon est l’instigateur de la psychothérapie verbale représentée par les inflexions de la voix, la parole monotone, monocorde, lente, douce…agissant sur le "thymos" et provoquant l’état "sôphrosuné", équilibre de sagesse représenté par un état d’âme fait de calme, de sérénité et de concentration.

 

La diversité et la qualité de ces partages choisis ne viennent-ils pas illustrer l’intérêt de la sophrologie comme méthode complémentaire à la prise en charge globale de l’ensemble des patients ?

Les termes d’étrangeté, de sentiment de non-être, de structuration, de capacité d’énergie viennent témoigner combien une séance de sophrologie peut impacter des symptômes aussi divers que ces expériences de "déréalisation dépersonnalisation", de phénomènes hallucinatoires, d’apragmatisme… Les caractéristiques élémentaires développées dans le déroulement d’une séance vont agir sur les limites du Moi ou sur les limites de morceaux du Moi : intégration du schéma corporel, structuration temporelle, notion de rythmes respiratoires et cardiaques et autres rythmes internes, structuration spatiale.

 

On sent que pour vous, être particulièrement à l’écoute des sophronisants est très important. Peut-être faut-il l’être encore plus dans ce milieu particulier qu’est le secteur psychiatrique ?

En partage post-sophronique je vais m’attacher à une qualité d’écoute qui va prendre en compte l’expérience intime de la personne, l’expression et la verbalisation de ses propres "vivances ".

Je m’attèle dans chaque partage à être au plus prés de l’expérience intime du patient en favorisant une verbalisation au cœur même des sensations corporelles ain de renforcer ce sentiment d’être et d’unité dans son identité d’être humain.

Vivre son corps à travers une séance, l’habiter, être à l’écoute des rythmes internes sont une chose, mais le dire vient consolider ce sentiment d’unité psychique qui émerge de chaque partage.

Dans cette prise de parole, le patient acquiert une dimension unique de sujet. Grâce à ce regard phénoménologique (renforcé par les trois attitudes fondamentales que sont l’empathie, la congruence et la considération positive inconditionnelle, que nous a transmises Carl Rogers) je vais, dans ce moment de

partage unique, "ôter" mes gros sabots, pour me chausser de mes patins, afin de me diriger à pas feutrés, comme si je m’en allais marcher sur un parquet fragile, vers cet autre hésitant, et accueillir tous ces mots de lumière jaillissant de leur prison de verre. Favoriser une rencontre : celle du sophronisant avec lui-même

Ainsi dans ce partage post-sophronique, si important dans le déroulement d’une

séance, nous devrons réformer la qualité de notre regard, en le débarrassant de nos filtres, projections, interprétations, ainsi de nous approcher au plus prés de l’expérience intime du sophronisant. Alors peut-être que dans cette

écoute délicate, nous pourrons favoriser une rencontre : celle du sophronisant avec lui-même.

 

Le lecteur trouvera ci-dessous le témoignage d’Hubert qui présente une addiction à l’alcool. Il vit très positivement cette expérience.
Quelles remarques peut-on apporter à son témoignage ?

«Ça m’a drôlement détendu, j’étais zen…J’ai fait le vide dans ma tête. Sensations de légèreté et de tranquillité corporelle. »

« Je me suis vraiment bien senti…Comme quand on veut se détendre dans la baignoire, les mêmes sensations : chaleur et légèreté en même temps.

J’étais même dans un autre monde pour ainsi dire : je t’entendais toujours (s’adressant au sophrologue) mais on aurait dit que je t’entendais comme dans un rêve, très loin. »

« J’entendais ta voix comme si c’était une cassette audio. Tremblements qui ont passé, puis sensations de chaleur, comme si c’était de la vapeur qui faisait du bien.

Apaisé. Mon image ressource c’était mon village et j’étais bien.

«Détendu, franchement nickel…on aurait dit que j’entendais juste ta voix et que je sentais plus mon corps… La sophrologie c’est important pour moi le partage…

Ecouter le partage des autres, ça donne des conseils et les activations qu’on fait et le ton que tu donnes aux séances, ça apaise. »

 

 

(1) Didier Terrisse, infirmier de secteur psychiatrique au Centre des thérapeutiques physiques et sportives Pierre de Coubertin Pôle P.A.I.S - Centre Hospitalier de Montfavet (Vaucluse) est aussi sophrologue diplômé de l’Institut de Sophrologie Relationnelle® Alain Zuili. La sophrologie a été mise en place au sein de son unité de soins.

Alain GIRAUD, Sophrologue, Président du SSI Syndicat des Sophrologues Indépendant

 

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